Le Festival Croisement et l’importance de la promotion des danses en Afrique et au Bénin : Directrice Artistique de Walô Dance Center et Coordonnatrice du festival, Mme AGBOSSOU Rachelle nous informe

De nationalité béninoise, Mme AGBOSSOU Rachelle est une danseuse et chorégraphe professionnelle, Directrice de la Compagnie Walô, de  Walô Dance Center, et Coordonnatrice de la 1ère édition (2024) de la Biennale Internationale de danse et de performance d’Abomey-Calavi, CROISEMENT.  

Passionnée et professionnelle des danses patrimoniales béninoises et moderne, elle a commencé son parcours à l’Université d’Abomey-Calavi avec l’Ensemble Artistique et Culturel des Etudiants avant de venir au Ballet National du Bénin  où elle a su incarner le Bénin à travers ces danses patrimoniales. Persévérante dans sa profession, elle a reçu plusieurs prix et distinctions sur le plan national, notamment celui du Festival National des Arts du Bénin en tant que femme artiste battante pour le rayonnement de la culture béninoise, le trophée GNONA de l’association Ilé-Ifè dédié aux braves femmes qui font beaucoup pour les arts sans faire de tapages. Dans une interview, elle nous éclaire davantage sur les implications de la 1ère édition (2024) de la Biennale Internationale de danse et de performance d’Abomey-Calavi, CROISEMENT. 

Cet évènement organisé du 07 au 16 Décembre 2024 a réuni des artistes, danseurs, performeurs et journalistes culturels venus de plusieurs pays. 

  • Pourquoi le  Festival Croissement 1ère biennale internationale de danses et de performance d’Abomey-Calavi ? 

    Le nom « Croissement » est né de la recherche d’un terme qui caractérise la confrontation ou la rencontre des individus, notamment des artistes, des danseurs, des performeurs, des plasticiens, des journalistes culturels. C’est une expression qui récapitule cet échange d’idées, de démarches artistiques, d’anecdotes sur les expériences,  les parcours, et les cultures. Nous avons estimé que le mot «Croissement » exprime bien cette rencontre des arts, des individus, et sera un creuset pour des moments de partage.

    Notre objectif c’était que les béninois aillent à la rencontre des artistes de la sous-région et au-delà afin de découvrir sans forcément bouger leur travail artistique, leurs idées, leurs envies, leurs visions, etc.

    • Quels sont les objectifs d’un tel évènement ?

    L’idée derrière cette initiative, c’est de faire découvrir la culture béninoise d’une part à travers les artistes, à travers toutes les richesses que nous avons et aussi révéler le Bénin culturel à des artistes étrangers qui ne connaissent pas ou qui ont envie de découvrir ou de redécouvrir le Bénin. Nous avons des problèmes de mobilité et d’accompagnement et nous nous sommes dit qu’il faut trouver un creuset, un espace où les artistes béninois qui n’ont pas la possibilité de se déplacer, puissent voir défiler des artistes qui sont dans la même discipline artistique qu’eux et d’autres encore. Aussi, nous souhaitions également montrer cette Commune d’Abomey-Calavi où siège le Centre Chorégraphique Walô Dance Center et qui regorge de sites touristiques et d’histoire à révélées sur notre nation. C’est ce qui justifie la présence des visites touristiques dans notre programme. Nous avons visité des lieux proches du centre et qui ne sont pas connus comme : la maison des statuettes, la forêt des singes et Ganvié pour certains, pas tous malheureusement. Notre objectif est de rapprocher les arts, la danse de nos populations et des communautés qui n’ont pas vraiment accès à l’offre artistique.

    • A quoi pouvons-nous nous attendre au cours de cet évènement ?

    Le Festival Croissement est le rendez-vous de la diffusion de spectacles de qualité, de découverte d’artistes de qualité aussi bien Béninois, que du Burkina-Faso, de la Côte d’Ivoire, du Togo, du Mali, du Niger, de la Tunisie, du Brésil, du Tchad, du Nigeria, de France, etc. C’est aussi le rendez-vous de la formation en art performatif, en critique d’art, et en danse. 

    • Quelles sont les conditions pour participer à cet évènement ?

    Pour participer au festival Croissement, il faut postuler à l’appel à candidature avec la présentation d’un dossier. Nous passons l’appel en premier. Ensuite, nous faisons une présélection et enfin, nous parvenons à choisir ceux qui, en termes de création et d’idées nous parlent plus. Pour trouver les programmes sur le Festival Croissement, il faut aller sur la page Facebook et Instagram de Walô ou  venir sur le site de Walô Dance Center situé au cœur de la Commune d’Abomey-Calavi, quartier Zoundja, juste à côté de la pharmacie Saint Gérard. Au cas où vous souhaitez écrire au festival, il faut adresser un mail à info@walo-bénin.com   ou envoyer un whatsapp au téléphone : +2290196983898.

    • Quelles sont vos perspectives d’avenir pour cet évènement ?

    A l’étape où nous sommes, nous espérons et prions que les institutions qui nous ont accompagné pour cette 1ère édition daignent nous accompagner pour les fois avenir afin de renforcer les acquis de cette édition et que le festival puisse grandir non pas en termes de  quantité de personnes qui arrivent sur le festival mais plutôt en termes de qualité d’artistes et de formateurs invités sur le festival. Nous avons l’obligation de programmer des spectacles de qualité et montrer qu’il y a de la matière et de la qualité au sein des artistes béninois et des artistes étrangers que nous recevons

    • Une question spéciale : Quelle est selon vous l’importance de la promotion des danses en Afrique et en particulier au Bénin ?

    L’identité, l’originalité, la créativité sont des choses qui nous tiennent énormément à cœur à Walô Dance Company et Walô Dance Center. Nous priorisons tout cela pour servir au développement en général. Nous avons pour leitmotiv d’utiliser la danse comme outil de développement personnel, psychique, physique et psychologique. J’ai opté pour le fait que la danse contemporaine que nous pratiquons à Walô Dance Company ait une connotation traditionnelle et que nous partions toujours de nos danses patrimoniales avec une combinaison avec les techniques de danse contemporaine pour créer un nouveau vocabulaire que les gens peuvent regarder, admirer et aimer à la longue. La danse contemporaine est très développée en Europe et elle a des règles, des techniques que tout danseur professionnel connait. Mais ici au Bénin, quand -on parle de danse contemporaine, tout  le monde pense à une gestuelle complètement désordonnée et sans fondement. Nous nous sommes dit à Walô que nous partirons toujours  de notre identité pour montrer qui nous sommes, d’où nous venons, ce que nous faisons et comment nous le faisons. J’ai une formation de base en danse patrimoniale, quatre ans au Ballet  Nationale du Bénin après la découverte de la danse à l’Ensemble Artistique et Culturel Des Etudiants (EACE). Des années pendant lesquelles, c’était important de connaitre les danses traditionnelles ou patrimoniales du pays. Partant de là, ce n’est pas difficile que ma gestuelle de la danse contemporaine dénote un peu des danses culturelles béninoises à la base. C’est très important et c’est pour cela que dans mes interventions dans les autres pays j’aime attirer l’attention des jeunes danseurs africains sur la nécessité de connaître leurs danses patrimoniales d’abord. Ils sont souvent portés sur l’extérieur. Alors que le terrain est encore vide et sans concurrents. Il faut profiter de ces moments-ci pour véritablement avancer en tant que danseur professionnel et être assez polyvalent. C’est aussi pour cela qu’au nombre des spectacles programmés sur Croisement il y aura toujours de la danse patrimoniale béninoise pour faire voyager nos hôtes au cœur de nos racines profondes pour révéler le Bénin à travers ses danses, sa culture, ses racines profondes. Il faut croiser tradition et modernité.

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